Noël au cercle bi-polaire
Comme Lara l’a dit dans plusieurs articles, le premier pas à faire lorsque que l’on découvre sa multipotentialité est d’une part de pouvoir l’exprimer (en parler de vive voix avec quelqu’un. Un autre. Autrui quoi) et d’autre part de rejoindre une communauté. Cela n’est pas toujours facile. D’abord, il faut connaître des gens. Je veux dire suffisamment pour pouvoir en parler avec eux. Ton boulanger, quand tu vas chercher ton pain, ne fera pas l’affaire :
– Vous désirez ?
– Une baguette
– Ce sera tout ?
– Non, je suis un zèbre aussi
– Ok. Ça vous fera 90 centimes.
C’est pas évident.
Il y a la famille aussi. Honnêtement, je te le déconseille dans un premier temps. Si aucune des personnes qui sont sensées te connaître le mieux ne l’a vu, tu risques de devoir défendre chèrement ta position. C’est délicat. Et psychologiquement éprouvant. Lara fera sûrement un article là dessus.
Mon avis :
Pourquoi est-il difficile d’en parler à ses proches ? Et bien, à cause du paradoxe !
Les gens aiment l’intelligence. N’avons-nous jamais entendu ? « Le petit voisin est si intelligent ! » ou : « Il a réussi dans la vie parce qu’il est très intelligent ». On pousse nos enfants à faire des études afin d’augmenter leur savoir et leurs capacités intellectuelles. On développe même de l’intelligence artificielle tellement on vénère cela. Pourtant, l’être humain ne supporte pas qu’un second être humain lui dise : « Tu sais j’ai une intelligence plus haute que la moyenne et j’ai de multiples facultés dans des domaines extrêmement variés » . Invariablement, la personne qui entend cela aura un sentiment d’infériorité et rejettera cette idée ; non en la repoussant de son esprit mais en niant la possibilité que tu puisses jouir d’un truc qu’il n’aurait pas !. CQFD ! (Connerie Qu’il Faut Démonter)
Revenons à nos moutons.
Le mieux et le plus confortable est de faire son coming out au milieu de gens qui sont comme toi. Deux personnes qui ne se connaissent pas ne vont pas se parler directement. Donne leur un chien à chacun et ils discuteront librement en regardant distraitement l’animal faire sa crotte.
J’aime les paraboles.
Et j’aime les chiens aussi mais je ne sais pas si j’ai choisi une bonne image avec mon histoire de déjection !
Si, il y a un rapport. Il faut qu’en parler soit un geste naturel. La coming’outé sert à ça. Et notre blog sert à ce que je puisse m’exprimer, dont acte : je prends la plume et je t’envoie ce premier billet d’humeur.
Il est 5h30 du matin. Nous sommes le 25 décembre 2016. C’est Noël.
Mon propos du jour est un témoignage de ma révélation de zèbre (à 47 ans je le rappelle donc pas tardif mais un peu quand même !).
Un mot avant.
Je n’aime pas les malades. Pas les maladies, non, les gens malades. Les complaisants qui ont toujours quelque chose. Ceux qui toussent toujours. Qui reniflent. Qui se plaignent. Qui prennent 3 gouttes de ci le matin, des comprimés de ça le midi et un suppo le soir. Je n’aime pas les malades, alors je ne veux pas être malade et être comme eux. Je sers donc les dents et j’attends que cela passe. J’emmagasine mes douleurs. Je les enfouis le plus profond possible pour ne pas les entendre.
Quand j’ai appris ma multipotentialité, j’ai été heureux de l’apprendre, vraiment. Comme si on me disait quelque chose que je savais déjà mais qui existait pour de vrai. La joie s’est poursuivie en stimulation. J’ai ouvert les portes de la stalle qui contenait ma zébritude et j’ai laissé courir la bête, puis cela a commencé.
Des maux de tête tout d’abord. Profonds. Centraux, comme si mon cerveau gonflait « Ahhhhh qu’est-ce qu’on est serré au fond de cette boîte » … crânienne (la chanson qui va te rester dans la tête, c’est pour moi, c’est cadeau. C’est Noël après tout).
Puis des malaises sont survenus. Tournis. Troubles de la vision comme si mon cerveau éléphantesque écrasait mes nerfs optiques sous son gros derrière.
L’hypersensibilité déjà présente s’est décuplée. Certaines odeurs sont devenues insupportables. Odeurs de bouffe. Odeurs de parfum. Odeurs de pollution…
Les sons se sont amplifiés. La nuit, un bruit de radiateur (tic tic) devient une porte qui claque et me réveille en sursaut. Seul, j’écoute ma télévision à volume 14, en famille le volume passe à 22 puis 25 puis je n’entends plus rien. Un brouhaha.
Ça, c’est pour le jour mais la nuit aussi voit ses malaises : insomnies, réveils en sursaut comme si ton cœur s’arrêtait, nausées, maux d’estomac et douleur au plexus solaire telle un crochet dans le buffet balancé par Tyson.
Je suis devenu malade. Un malade !
Je me suis plaint tous les jours. Et j’ai passé des nuits complètes sans dormir et le lendemain je n’ai éprouvé aucune fatigue. Quand ma petite famille regarde le film du soir sur notre canapé, moi je le regarde, allongé sur le tapis parce que c’est moins « agressant ».
Tu fais cela toi aussi ? Tu penses que c’est normal ?
J’ai vu mon médecin. Contraint et forcé par Lara.
J’aime Lara.
Mais j’aime pas les médecins. Enfin j’aime pas aller chez le médecin, parce que c’est pour les malades et moi, j’aime pas les malades.
Il m’a prescrit des anxiolytiques. Pas d’effet. Alors en bon multipot, j’ai « fait médecine » et je me suis auto-diagnostiqué : encéphalopathie hépatique « légère » me semblait bien convenir !
Je n’aime pas ne pas savoir. Ça me fait cogiter de ne pas savoir ! Je ne dors plus depuis 5 jours. Je suis retourné chez mon médecin hier mais il était parti en congé. Veinard. Voilà, je parle à présent comme un malade : Aigri et injuste. Tout ce que je déteste.
J’en ai trouvé un autre et il a fallu que je recommence toutes mes explications : « j’ai ceci, j’ai cela, je voudrais une baguette et je suis zèbre, vous connaissez ? » .
Il ma dit : « J’ai assisté à des conférences en neuropsychologies. Oui je sais ce qu’est un multipotentiel et ce que vous avez s’apparente à la phase maniaque d’un bi-polaire. Vous êtes en hyperactivité cérébrale » .
Boum ! => Tranquillisants
Voilà c’était sous mon nez et je ne l’ai pas vu. Un multipotentiel pense tout le temps et quand c’est trop : C’est Tropico ! (big up aux amis publivores !)
Ainsi donc la multipotentialité rend malade et comme a dit le vieux chef indien dans Hot Shots en fumant un calumet rempli d’herbes rigolotes : « … costaud cette m… »
Et alors ?
Est-ce que je te raconte tout cela pour te foutre le moral dans les chaussettes ? (celles que tu as aux pieds, pas celles qui sont accrochées à la cheminée)
Non certainement pas. Je te fais le cadeau de mon expérience et je le dépose dans tes chaussettes (celles qui sont accrochées à la cheminée et pas celles que tu as aux pieds).
Alors prends soin de toi. Ne garde pas les choses prisonnières en toi mais libère les.
Au fait, prendre la plume est pour moi bien plus qu’une expression. Vous l’aurez compris, je n’ai pas écris ce texte à la main mais avec un ordinateur : Okaaaay. 🙄 Pour autant j’ai vraiment ressorti mon stylo plume, celui de ma 1ere communion (un Waterman avec plume en or merci tata) et c’est avec un réel bonheur que je l’utilise tous les jours dans notre projet, pour prendre des notes et surtout pour dessiner les illustrations de nos supports visuels. J’espère que tu les apprécieras autant que j’ai du plaisir à les faire.
Je te dis à bientôt. Ne pense pas trop, c’est mauvais pour la santé donc, mais pense bien 5 fois par jour. Je te souhaite un Joyeux Noël.
Quant à moi, il est 7h05 et je vais aller à ma fenêtre regarder les flocons de neige qui ne tombent pas.
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merci pour ces explications. Je viens de découvrir que je suis hypersensible, à 41 ans…, et voilà que je suis également un zèbre! j’ai toujours été multicarte, mais là, c’est le pompon, même dans ma tête c’est le bordel!!! trêve de plaisanterie, c’est dure d’assumer, je passe ma vie à faire des formations, à me passionner pour tout un tas de trucs, à m’investir à fond dans une nouvelle idée, un nouveau projet et puis… Je tombe sur autre chose, que je trouve GÉNIAL;
Ça fait beaucoup rire mes amis » tu te lance dans quoi cette fois? », et beaucoup moins ma famille » quand est-ce que tu grandis? »
Je n’ai pas encore fais de dépression, mais je souffre de fatigue chronique et d’asthme. Les autres pathologies liée à l’angoisse, je les ai neutralisées grâce au yoga. Ça a changé ma vie. Je suis d’ailleurs en formation pour devenir prof!!! j’ai déjà en vue la suite, mais cette fois, je veux vraiment aller jusqu’au bout et m’y tenir.
c’est fou de se découvrir au bout de 40 ans de vagabondage solitaire, mais il m’en reste au moins autant pour exploiter tout ça.
Merci
hello !
je prends de la Griffonia, une plante antidépresseur naturel, je n’aime pas les médicaments, parce que j’aime pas être malade (et le suis du coup très rarement) et j’aime pas les malades et surtout effectivement ceux qui se plaignent tout le temps et ne font jamais le choix de changer un once de quelque chose pour avoir un résultat différent… je suis horrible, je les méprise, et je m’adoucit parfois…
pour le sujet « en parler », bahhhhhh, des amies zèbre j’en ai trouvé sinon difficile à accepter par ma mère qui préfère penser que je suis une idiote incapable et méchante bien que mes 2 frères soient diagnostiqué surdoué depuis l’enfance, je trouve cela très drôle qu’elle n’est pas voulu voir mes potentiels bien marqués
et … mon amoureux refuse d’en parler, il a décidé que si je suis zèbre, il serait Lion, parce que les lions mangent les zèbres, voilà de quoi avoir une belle réflexion sur ce qui me lie à ce mec
bref, merci pour ce blog riche de piste de réflexion et d’idées pour vivre sa zébritude in colors 3D
see you
Te reste à accepter ta propre valeur …. in your heart !!
Chapeau, je ne me suis pas senti compris comme ça depuis mon enfance, je n’avais pas l’once d’un doute qu’il existait un mot pour décrire ce que je vis par moments. Les commentaires c’est la cerise sur le gâteau.
C’est effectivement le fait de la voir comme une malédiction qui rend malade. C’est exactement ce que j’ai perdu une partie ma vie à faire: douter de moi même, puis constater que j’avais à 100% raison et que le fait d’avoir douté de moi-même m’a laissé passer à côté de bien des choses. C’est l’amertume qui me restait à chaque fois, qui, cumulée, à su me mettre la gifle qui m’a réveillée.
Eeet oui, nommer est indispensable pour reconnaître ! Ensuite, comprendre et ressentir surtout. Faire le tri et jeter ce qui n’est plus nécessaire. Simplifier et se mettre d’accord avec soi (et son coeur surtout). Héhé le doute… On tourne en ce moment une vidéo sur ce sujet qui nous pourrit la vie ! (Elle devrait être en ligne dans la semaine). Reste plus qu’à changer d’angles maintenant et faire de cette malédiction ta plus grande force !!
Amicalement, Lara
Thierry,
Je ne sais pas si ce sont les médicaments mais j’ai eu un grand plaisir à lire ton humour dans un billet bien sérieux puisqu’il s’agit de la santé d’un multipod. J’aime ces traits d’humour, ça colle assez bien avec ma propre façon de voir les choses 😀
Pour en revenir aux médicaments et principalement aux anxiolytiques et autres joyeusetés, j’ai fait 3 dépressions (sans compter ma spasmophilie, qui me fout le paix depuis que j’ai su qui j’étais), on m’a nourrie aux médocs pour la première crise, au point que je ne pensais plus (cool des vacances), mais je ne faisais plus rien non plus, je dormais tout le temps (jour et nuit), je ne réagissais plus à quoi que ce soit, et… je prenais encore plus de poids que j’en avais déjà (alors que je ne mangeais quasiment plus…). J’ai décidé d’arrêter cette torture, je préférais penser en continu que de rester là, la bouche ouverte, la bave aux lèvres, le regard dans le vide. J’ai compensé l’arrêt des médicaments allopathiques par les plantes (un soulagement absolu).
Par la suite, pour les deux autres crises, ayant par moi-même noté les « symptômes », j’ai donc « anticipé » les crises et je me suis soignée avec les mêmes plantes. Il est à noter que chez moi ces plantes fonctionnent très bien, chez d’autres, l’effet escompté sera plus long à venir… ou pas.
Je déteste devoir aller chez le médecin, à tel point que bien souvent, je m’arrange pour repousser au maximum mon rendez-vous (tous les trois mois pour un traitement particulier). C’est con, mais autant je sais qu’un médecin aide à la survie, autant quand j’y vais, j’ai toujours l’impression d’entrer dans une morgue. C’est angoissant, triste, solennel, bref plus vite passée plus vite partie !
Mille mercis Gladys,
L’humour est une « arme » bien utile autant en attaque qu’en défense (héhé) et entre nous je ne résiste pas à l’idée de placer un bon mot, quitte même à me saborder devant les autres ! Mince, c’est peut-être une maladie de faire ça ! Et moi, J’AIME PAS LES MALADES ! 😉
PS : Je suis preneur de tes recettes de plantes, n’hésite pas à faire un petit sujet dans la COZ (puisque tu es des notres à présent)
Un anti-dépresseur ne fait vraiment.effet que sous 3 semaines^^
… peut-être. Pas pour moi… et tant mieux.
Je vous remercie pour ces précisions. Il est très réconfortant d’avoir osé bâtir un site pour les multipotentiels. Dommage que nous demeurions aussi éloigné de la France puisque je suis au Québec.
Merci Bernise pour ces doux mots. Pas de soucis pour l’éloignement grâce à ce fabuleux outil qu’est internet 😉 N’hésite pas à nous rejoindre dans notre groupe FB La Coming-outé zébré pour échanger de manière plus fluide avec nous !
Amicalement, Lara & Thierry
Je suis à lire votre site et je trouve cela fort intéressant. Je suis à lire « Trop intelligents pour être heureux? » de Jeanne Siaud-Facchin. Je ne sais pas si je suis multipotentiel mais ma fille l’est. Quand vous parlez des tranquillisants, si c en’est pas trop personnel, les prenez vous? Car j’ai lu d’autres textes sur les surdoués ou les zèbres et regardé des émissions et je me demande justement si la solution est justement de prendre des tranquillisants ou des anxiolytiques.
Bonjour Bernise,
Suite à ton message, j’ai relu le passage de mon article et je dois y apporter une correction. Je l’ai écris moins de 24h après une forte crise et la prescription de ce médicament par mon médecin (à chaud quoi !). Il ne s’agit pas de tranquillisant mais d’un antidépresseur inhibiteur sélectif de la re-capture de la sérotonine, elle-même étant un neurotransmetteur. En clair, il a pour but d’ouvrir les portes de la perception comme certains diraient et donc de soulager les blocages neuronaux.
Ceci étant, je ne suis pas un addict pour quoi que ce soit (j’aime avoir le contrôle de moi) alors sûrement pas de la médicamentation. J’avais besoin d’un moment de calme et cela m’a bien aidé mais dès le début du traitement, j’ai établi un programme de sortie en réduisant les doses de 2 à 1 puis 1/2 comprimé par jour. Au bout de 10 jours, j’ai arrêté de le prendre. Je vous l’ai dit, je n’aime pas les malades 😉 !
L’anxiété est très présente chez les multipotentiels du fait de leur hyper-sensibilité. Mais je pense que cette anxiété est bien plus une conséquence qu’une cause, dans le sens ou elle est induite par une mauvaise interaction (un mauvais ressenti) avec l’environnement du sujet. Partant du principe qu’il plus facile de s’adapter soi-même plutôt que d’adapter les autres à nous, soyons réaliste de qui nous sommes et vivons en fonction. L’anxiété disparaîtra alors d’elle-même ! C’est en tout cas, le chemin que Lara & moi allons suivre.
En réponse à un message que j’ai reçu à propos de cet article,
Le premier constat que j’ai pu faire de la multipotentialité est effectivement un sentiment négatif de la chose, de la voir comme une malédiction plutôt qu’un don « magique ». C’est un trait commun à beaucoup d’entre nous. Mais ce n’est pas normal. Ce n’est pas juste comme on dirait ! Il existe des réussites formidables qui sont associées à la multipotentialité et c’est la présentation de ce chemin que Lara et moi voulons aborder dans ce blog. Ton qualificatif de Caméléon me touche beaucoup car c’est ainsi que l’on m’a surnommé. Nous pouvons reproduire notre environnement (être comme nos interlocuteurs ou notre milieu) se fondre pour disparaître et se cacher. Mais le caméléon est aussi un chasseur et il utilise sa capacité extraordinaire pour atteindre son objectif. C’est cette facette qu’il nous faut développer, renforcer. Cette mentalité que nous voulons atteindre afin de vivre comme un zèbre libre !
Bien à toi et à bientôt pour échanger.