Pour les Z’auditifs, clic et écoute 

 

Nous sommes aux portes de l’été …

Période pour moi de « bilan » semestriel », période de ressourcement aussi.

Chaque année, depuis que j’ai compris que la « vie classique et bien organisée » ne serait pas pour moi, mes étés ont été colorés d’un mélange de repos accepté mais aussi subi.

Toujours « quelque chose sur le feu », un nouveau projet en cours, de nouvelles tonnes d’idée à attraper par les pattes pour les faire entrer dans un cahier, un dossier, des millions de post-its volants.

Chaque été, ma boite à rêves se remplit. Malheureusement d’un autre côté, et cela depuis quelques années également, une autre voix s’élève qui me susurre « tu n’auras pas le temps » !

Raaaaaaa ce temps. Mon pire ennemi et mon meilleur allié est une thématique qui me passionne.

Il peut être au multipote l’un de ses plus grand cauchemar, tant il nous rappelle que notre temps nous est compté ! Waow, ça tue ça non ?

Et bien, comme tout ce qui me fait « peur », j’ai décidé de m’attaquer à ce temps, non pour lui faire la misère, mais bien pour faire la paix avec lui. Nous allons devenir pote et c’est ce que je te partage aujourd’hui.

Pour ne pas partir vers une énième théorie foireuse sur le temps, j’ai bien envie de te partager ma manière subjective de m’y inscrire en ce jour, car oui, le temps doit être appréhendé pour revêtir un juste rapport à lui.

 

Au tout début …

Au départ, je m’y suis inscrite, rythmée par le cadre offert par mes parents et leur organisation. Sans trop de soucis me semble-t-il. J’ai poursuivi avec le rythme scolaire, entre-coupé des weekends remplis par le tennis… entre entraînements, compétitions et copains.

Ensuite, le temps des études, 7 années en tout : 5 validées et 2 d’essais…

Et puis, démarrage pro et 2 grossesses .. Toujours en mode « ok, le cadre y est, tout va bien, j’ai le temps ».

Une belle petite vie en apparence, rythmée et sans trop me poser de questions … enfin, c’est ce que je pensais. Ou, plutôt, la partie « angoissée » de mon être s’empressait de ne pas laisser trop « de vide » trop longtemps. Les phases de « dépression » étaient fréquentes mais je les traversais, sans focusser dessus, par un emploi du temps rythmé de tâche en tâche, de mois en mois et d’année en année. Ma vision était annuelle mais jamais « de vie ». J’ai toujours eu cette impression que ma « vraie vie » commencerait plus tard, tout en étant, paradoxalement trèèèès nostalgique !

 

Et c’est le drame 

Et un jour, le cristal s’est brisé…. Tout s’est fissuré à 30 ans, début du voyage galérien qui ne s’est calmé qu’en 2016, jour de connexion à ma manière hypersensible de fonctionner. Et je me suis posée réellement et de manière profonde sur cette « gestion du temps ».

J’en ai fait le constat suivant : je me suis inscrite dans le temps proposé par le monde dans lequel je suis née, séquencé en étapes et dépendant d’un « il faut faire ….. Pour obtenir … », toujours collé pour ma part à un « c’est pas facile et faut faire des efforts » !

Du jour où j’en avais fait le tour, la question vertigineusement angoissante m’est apparue enfin, désensevelie d’un coup des strates sous lesquelles elle avait été « contenue » : POURQUOI FAIRE ??

 

Pour aller où ?

La seule réponse fut dévastatrice pour moi : pour disparaître !!!

Roooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo

M’est arrivée en flash, de derrière les fagots, du fond de mes catacombes, une scène que j’avais « oubliée ».

J’avais 8 ans. J’étais assise sur les marches de l’entrée de la maison de vacances de mes cousins, à côté de Valérie, ma cousine, 7 ans. Je me suis souvenue jusqu’à la chaleur de cette journée d’été et de la sensation horrible qui fut, je la date de cette époque, de la « finitude » de nos vies.

 

Je lui ai posé cette question, que je me proposais de visiter en la formulant :

« qu’est-ce qui se passe après ?

La mort … veut dire qu’on ne revient plus jamais ? »

Laissant Valérie me répondre, je ne sais plus trop quoi d’ailleurs, tellement cette idée me paraissait saugrenue et « inaccessible » dans ce qu’elle ouvrait en moi. Je me rappelle tellement bien avoir ajouté , après quelques secondes

« cela veut dire plus jamais … jamais, jamais, jamais, jamais … ?! »

L’horreur totale. Inconcevable pour mon petit cerveau ! Je répétais « jamais » en tentant d’habiter cette absurdité et touchant mes propres limites.

Un an après, quasiment jour pour jour, la maman de Valérie se donnait la mort…. Laissant son mari (mon parrain) et ses deux petits – 7 ans et 4 ans sans maman, aux prises directes avec la finitude et l’infini souffrance d’être orphelins si tôt. Je me suis sentie profondément triste et apeurée… soulagée cependant qu’il ne s’agisse pas de moi.

Mon rapport au temps est lié, depuis, de manière moins inconsciente à cet « empressement » à vivre et, je dois te l’avouer, c’est l’un, si pas le principal point commun d’angoisse, de tous les multipotes croisés. Tout le reste en terme de « causeurs de problèmes » n’est que déclinaison de ce questionnement existentiel douloureux pour un être HYPERsensible. L’argent, le sens, l’éparpillement, les symptômes, les humeurs, les émotions, les freins, le sabotage … sont les « expressions » de ce rapport compliqué au temps et au sens de nos petites vies.

L’accélération et le fuite en avant sont des manières bien courantes de tenter quelque chose, de l’ordre du talisman. Les troubles de l’attention, en allant par là, une expression de cette impossibilité de se déposer en un endroit trop longtemps, de peur d’y être condamné ad vitam aeternam.

 

Mes tentatives infructueuses :

Coincée entre les « repères reçus » qui ne me correspondaient pas et le « sans repères », j’ai bien failli y laisser ma peau « mentale ». Mon cerveau, et ma glande amygdalie (l’instinct de survie) se sont mis en alliance pour palier à mes émotions trop puissantes, dans le seul et unique but de « contenir cette angoisse sourde » de finitude. Je le sais à présent, parce que j’ai connecté à mes angoisses profondes pour piger ce qui se tramait « en-dehors » de ma propre volonté.

C’est tout mon travail de spéléologue dont je te parle, et qui, visait, sans le savoir au départ, à remonter à la source pour COMPRENDRE de l’intérieur.

Et bien, ma source démarre de cette béance originelle. Elle est partagée par tous les Hommes, sache-le MAIS, nous ne sommes pas tous dotés des mêmes « moyens » et donc des mêmes réponses pour « en faire quelque chose ». Eeeeeet, je dois encore te partager une « mauvaise nouvelle » (en apparence), l’HYPERsensible a un « contact privilégié » à l’image, les sensations, les émotions, les pulsions, dont le domicile ou le QG est : LE CORPS ! (et non la tête !).

 

Cela peut donc être son pire cauchemar s’il ne descend pas voir ET que pourtant, il ressente de manière de plus en plus puissante ces questions existentielles dont aucune « réponse » proposée par le monde ne lui convienne. De l’autre côté de la balance, lorsque cette béance est touchée, la peur de la peur s’estompe, voire s’efface, pour laisser cette capacité particulière (l’hypersensibilité) prendre enfin ses vraies fonctions : la créativité +++ :

Créer à partir de rien … et de TOUT !

 

J’ai expérimenté, des années durant, mes premiers essais de « contention d’angoisse » par la « poudre de fée ». Une vraie prestidigi …. Magicienne. Je poussais à fond sur l’action et les mouvements de plus en plus rapides pour mettre de la distance entre ce que je ressentais et mon impuissance. Je me suis ainsi « mentie » avec la meilleure intention du monde, évidemment !

Tout ralentissement me mettait « en zone danger« . L’hyperactivité a envahi ma vie, même sans activité concrète. Lorsque les mains n’étaient pas occupées, le cerveau poursuivait ses constructions et déconstructions de plus en plus addictogènes. J’utilisais d’ailleurs souvent cette expression : « me noyer dans un verre d’eau »… Je touchais une zone très frustrante de grands moments sur-actifs remplis de vide et d’inefficacité, avec un vrai siphon aspirant vers le bas, ou le fond.

Le système vicieux se mettait alors en  place : au plus je me débattais, au moins je me sentais y arriver. Double claque : le monde extérieur me regardait, l’œil humide, me débattre en me disant : « mais, tu as tout pour y arriver …. Pourquoi te tortures-tu ainsi ? »

 

 AAAAAAAARRRRRRGGGGG, le couteau se retourne dans la plaie. Je parle Javanais ou quoi ???

 

J’ai tenté alors, seule manière qui utilisait ma créativité, de ré-inventer la roue… à chaque fois. Je ne suis JAMAIS arrivée à utiliser un quelconque outil fourni sans l’avoir démonté et remonté à ma façon.

Tu imagines bien le temps que cela me prenait … Ben, en fait, oui et non. Je suis devenue la plus rapide, pour pallier à cette incapacité à appliquer sans « vraiment ressentir et donc comprendre ».

Exemple flagrant concret : j’ai été parachutée comme responsable commerciale de vente à domicile pour du vin. Ils avaient évidemment toute une stratégie commerciale ET des techniques de vente ultra léchées. Il nous fallait appeler le quidam par téléphone (tu sais, celui qui t’énerve grave en t’appelant chez toi, aux heures où tu te détends 5 min pour manger…), lui offrir une dégustation de nos magnifiques vins doux naturels, et sortir de chez eux, 1 heure après, avec un bon de commande signé ! Autant te dire que le prix du vin était exorbitant et qu’il ne se vendait que par carton de 12 (tant qu’à faire).

Et bien, j’ai du ré-écrire totalement la manière de faire, après avoir réussi, en 6 mois, comme vendeuse VRP (ce qui m’a parachuté) pour pouvoir tenter de transmettre ce que j’étais arrivée à faire mais par des voies totalement différentes de ce qui était enseigné. Mon manager trouvait ça aussi épatant qu’énervant. Il m’a taxé d’in-coachable. J’ai passé des heures à écrire … ce qui, au final, ressemblait quasi à la virgule près, à ce qui était enseigné 😉 Comme si je devais re-visiter le processus de création de la méthode pour pouvoir me l’approprier, l’ingérer, l’intégrer avant de l’utiliser. L’application telle quelle ne m’a JAMAIS été possible ! JAMAIS, même pendant mes études. Comme je l’ai clamé l’autre jour, à l’une de mes patientes : 

 

Je suis la plus auto-didacte des diplômée 🙂 

 

Chic te dis-tu.

Si elle a trouvé sa méthode, même si elle parait longue, cela doit être bigrement efficace… Que nenni, s’ajoute à ce démontage/remontage une dépense d’énergie immense et, une pression, pour « récupérer » le temps passé, qui amène au « résultat » obtenu, un soulagement et non une victoire ressourçante et méritée. Le résultat, lorsque l’objectif est atteint, devient addictif et, peu à peu, insuffisant pour nourrir un repos nécessaire à la recharge des batteries.

Cette course effrénée m’a fait passer, sans trop en connaître les raisons évidemment, du côté obscur de la force. Mes réussites se sont greffées à un « assouvissement » plutôt qu’à un « bien-être ». Je ne nourrissais pas, j’éteignais juste des flammes pour ne pas qu’elles me brûlent.

Et cela a duré, s’est répété à foison jusqu’à la limite atteinte, qui fut l’alarme avant implosion.

Je me suis arrêtée à temps ! OUF

Avant de ne plus pouvoir me lever, comme cela arrive en cas du sinistre burn-out !

 

C’est là, lors de cette fameuse crise m’amenant à la multipotatialité que mon « corps », bien plus que mon esprit, a RECONNU LE SIGNAL pour « oser explorer » ses messages incompris jusque là.

Si je dois ré-inventer les méthodes enseignées, alors, je les écrirai moi-même, dès le début !

Advienne que pourra, je n’aurai de cesse que de m’écouter vivre et de re-caler mon/mes activités en fonction de MES ressentis !

Ca marche, tant mieux

Ca ne marche pas, c’est que je ne m’écoute pas totalement.

 

Cela passe par des essais/erreurs et chaque erreur est vue comme un cadeau (en tout cas, j’essaye)

J’ai compris que mon rythme devait être entendu et respecté.

Que j’avais plusieurs « modes de fonctionnement », « plusieurs fenêtres » et « plusieurs fonctions ».

En tant que multipote : j’ai besoin de :

  • Variétés d’actions pour éviter l’ennui
  • De respecter mes niveaux de concentration
  • D’être à l’écoute de mes Besoins et de les nourrir
  • D’être vigilante à mes Niveaux d’alertes
  • Besoins de cadres mais des miens
  • Besoin d’inspiration ressourçante et de moments où je dois créer, dans la MATIERE !
  • Besoin de « dé-connecter » totalement
  • Besoin d’être rassurée
  • Besoin d’être en lien
  • Besoin de douceur
  • Besoin d’extase, connexion à la joie et la créativité sans limite
  • Besoin d’expression sans concessions (ce que je fais là, à l’instant)
  • Besoin de spontanéïté (comme maintenant aussi … je n’ai pas de plan pour l’article)
  • Besoin de sécurité affective !!!
     

C’est évidemment TOTALEMENT à l’opposé de ce que l’on nous enseigne !! (sauf, ok, pour les enseignements alternatifs comme le Montessori mais qui … ne sont pas majoritaire)

 

J’ai envie de terminer cet article par ce message pour toi :

La gestion du temps devient « saine » pour un multipote lorsque tu passes de « remplir le temps » à « prendre le temps ».

  • Que tu as choisi, en profondeur, d’accepter que tes jours sont en effet comptés.
  • Que tu as pris la décision que, dans ce temps imparti, tu allais écrire, ligne après ligne, l’histoire que tu avais envie de vivre.
  • Que ce que tu traverses de « difficile » peut-être transformé à tout instant en expérience
  • Que tu t’offres, ce faisant, le plus joli cadeau possible
  • Qu’en acceptant « l’inacceptable », tu offres, aux tiens, le « mode d’emploi » dont ils vont pouvoir s’inspirer en osant à leur tour.
     

Je partis dans les bois car je voulais vivre sans me hâter,

vivre intensément et sucer toute la moelle secrète de la vie.

Je voulais chasser tout ce qui dénaturait la vie, pour ne pas,

au soir de la vieillesse, découvrir que je n’avais pas vécu.

 

– Henry David Thoreau –

« Le cercle des poètes disparus »