De mère en fille et de fille amère …

 

J’y suis-je pense. A une nouvelle marche, une nouvelle bifurcation, un nouveau virage …

Je suis traversée par toutes les émotions existantes en même temps, par vagues successives.

Je suis, je dirais, épuisée ….

 

Tout se met en place pour me bousculer, de l’extérieur, comme un miroir géant qui me renvoie l’image d’un :

« et maintenant, que vas-tu faire ? »

Derrière cette question, j’entends un :

« et maintenant, que veux-tu faire ? »

 

Mon cerveau s’emballe, impuissant devant cette bourrasque intérieure.

Je le calme comme je peux et je respire en sentant les larmes jouer de l’élastique, au bord de mes paupières.

Je pense savoir ce que je veux mais je ne sais pas COMMENT y arriver …

C’est terrible car, je ne peux pas dire que je suis un lapin de 6 semaines en matière de « travail intérieur », merde !

 

Tu n’es pas un sherpa !

Voilà ce que m’offre mon amie hypnothérapeute Sarah, pour, à son habitude, traduire ce que mon âme refuse encore d’entendre complètement.

Non, je ne suis pas un sherpa; et pourtant, j’en ai pris la fonction !

Je suis dans une phase, repoussée maintes fois, qui me propose de prendre soin de moi, non seulement pour mon bien, physique et moral mais aussi pour le bien de tous (les miens) !

« Prendre soin de soi », l’ injonction que je propose aux autres, avec la meilleure intention du monde et une croyance implacable en leur capacité, est bloquée chez moi, particulièrement en ce jour.

Notion comprise et admise mais comme si « le mode d’emploi » comportait un paradoxe, ou un vice.

Même si je me l’assène et me la répète comme un mantra, je ne peux pas complètement rester dans cette intention bien longtemps, happée par les énergies extérieures qui m’entourent, surtout si elles sont « noires ». Comme si je l’oubliais, à chaque fois; comme si cette intention de « prendre soin de moi » se refusait comme évidence et se re-cachait au fond de sa grotte. Disparue comme si cette notion n’avait jamais existé.

J’ai tout essayé : des plans d’attaque, des résolutions, des rituels, des démarrages prometteurs, des passages à l’action …

 

J’ai mis des années, et plus particulièrement concentrées sur les 5 dernières à accepter l’idée que ma famille avait été toxique pour moi et que je n’en étais pas « l’unique responsable ». Je n’évoque pas ici directement les membres de ma famille mais les relations familiales inter-croisées.

Je me suis décidée, en effet, de plonger dans ce « trou noir » pour comprendre au mieux ce qui s’était passé dans « ce drame familial », après les décès de mes parents en 2012.

Je pensais y trouver des réponses dans la compréhension de la psychologie des protagonistes, et l’observation des faits, dates, éléments …

 

J’y ai trouvé des pistes, des raisons, des « solutions », des avancées magiques, qui m’ont permis de bouger, de déplacer des montagnes, de partager ainsi mon histoire, par bribes.

J’ai marché longtemps, sans jamais m’arrêter, seule souvent, pour atteindre ce sommet que j’imaginais libérateur, comme une finalité. J’ai compris aussi douloureusement que nous sommes tous seuls lors de nos pèlerinages…

J’ai croisé de très belles personnes. Certaines m’ont aidée merveilleusement et m’aident encore. J’en ai croisé de nombreuses que je pense avoir aidé aussi.

J’ai su que j’étais à ma place, du jour où je me suis sentie vibrer intérieurement en connectant ce besoin profond d’humanité et de « famille » ; en osant dépasser des peurs de ressentir à nouveau cet « abandon sans appel » pour tendre la main et le cœur à ceux qui se cherchaient, sur le chemin.

J’ai travaillé sur mes inscriptions « traumatiques » et les ai laissé remonter à la conscience pour les observer et me rendre compte dans la réalité que les événements étaient passés.

J’ai compris, se faisant, que oui, nous avons REELLEMENT les cartes en main, une fois que le contact avec ces ressentis douloureux et notre mémoire nous avaient enfin permis de re-visiter ce qui était enfoui.

J’ai pu me rendre compte, en le vivant dans les cellules, que cela ne nous tue pas non, c’est la seule voie de libération et de pardon aussi.

J’étais enfin en paix, ou sur la bonne route, pour me libérer des chaînes du passé et du poids tenu de génération en génération : « De mère en fille depuis Mathuzalem ».

Heureuse d’avoir touché un des but de ma petite vie :

 

« Ne pas transmettre à mes enfants ce qui était toxique » !

 

Et pourtant…. la volonté ne suffit pas !!

Ma sœur aînée et sa fille aînée sont venues nous visiter la semaine dernière. Elles vivent au Canada et cela faisait 7 ans que nous nous étions vues (aux enterrements).

Rencontres émouvantes, chargées de fantômes et d’histoires douloureuses, ainsi que des souvenirs incroyables.

Semaine bousculante, à nous regarder dans le fond des yeux, entre peurs et espoirs … à observer nos jeunes filles (la sienne et les 2 miennes) en se demandant « ce qu’on allait éviter de faire » ou « de reproduire »…

Le feu aux poudres ! Trop d’émotions, trop de lave … Tout ce beau petit monde, que j’avais cru préserver par je ne sais quel sort, s’est embrasé dans des « crises existentielles » comme un volcan se met d’un coup à se réveiller. Et BIM …. Retour de bâton derrière la tête, épreuve brutale et puissante .

Une vraie crise pour moi. Non de ne pas « savoir » ce qui se passe mais bien d’être face à une vraie décision pour ma part. Celle de lâcher les cordes de rappel et laisser mes poussins se confronter à LEURS VIES, avec leurs bagages, leurs rêves, leurs tempéraments et leurs « histoires » à elles.

Une vraie crise dis-je, et je pèse mes mots … parce que j’ai envie de hurler que je ne suis pas prête !

J’ai pansé tous leur bobos, anticipé tous les risques, amorti toutes les chutes. Comme le font toutes les mamans sans doute … oui, certainement; en tout cas je l’imagine.  Avec, en toile de fond et en trame de scénario :

« surtout, ne pas reproduire ce que j’ai vécu ».

 

Là où je me pose en ce jour est de bien percevoir que cette phrase même est à lâcher….

C’est là, à cet endroit précis, que le « nœud » est à défaire et nulle part ailleurs.

J’ai fonctionné de la sorte depuis leur naissance, sans le savoir.

J’ai fonctionné de la sorte de manière « consciente » ensuite, lorsque ma famille ascendante à explosé.

J’ai fonctionné de la sorte, en m’imposant plus de 1000 km entre le « danger ressenti » et nous.

Je nous ai exilé, pour me sauver.

Je les ai exilées, pour les sauver…. De MON histoire.

Elles sont inscrites dans MON histoire et, à cette heure, je dois prendre la décision de les en libérer, pour qu’elles puissent écrire la leur !

Que c’est difficile.

Que mes peurs remontent

Que cette sensation est perturbante.

 

Je t’écris pour aider les sensations à monter vers la conscience et leur permettre ainsi de prendre vie.

Le silence tue.

J’écris en ce jour pour faire de la place, de l’espace, sans attendre autre chose que cela.

Je n’ai ni conseils, ni idées du « comment faire »… parce que, pour une fois, j’écris, non ce que j’ai vécu mais ce que je suis en train de traverser là, maintenant.

J’applique ce que je conseille : « l’expression de soi, sans attente aucune, libère. »

 

Voilà ce que je veux :

Je désire déposer mon sac à dos, enlever mon gros manteau et mes chaussures de marche

Je désire sentir l’herbe sous mes pieds nus, m’allonger face au ciel, délestée, et sourire à la lune.

Je désire être seule, confiante en l’avenir, à rêver mon instant.

Je désire laisser les miens/miennes écrire leur histoire sans revisiter leur texte.

Je désire appliquer ce qui me martelle le cœur depuis le début de ma quête et ce qui, sous-tend la raison profonde de mon écriture, la vraie :

 

– ETRE –
 

 

Je te partage pour terminer ce lien qu’une adorable « accompagnée » m’a envoyé, au bon moment, grâce à la magie de la synchronicité.

Voilà, en image, en mots et en mouvements ce vers quoi mon âme tend maintenant !

 

« C’est un sculpteur qui essaie de travailler son gros bloc de bois dans une forêt

et il y a un enfant, qui n’a jamais vu ça. Il n’a jamais vu quelqu’un travailler le bois comme cela.

Il s’arrête, l’observe. Et au bout d’un moment, le sculpteur a terminé.

Il lâche ses outils et recule un petit peu. L’enfant regarde la sculpture et,

stupéfait, se rend compte que c’est son propre visage.

Et l’enfant lui pose la question, complètement émerveillé, par le fait de se voir dans ce morceau de bois

et lui dit alors : « mais, comment savais-tu que j’étais dans ce morceau de bois ? »

Prenons soin de nous !