Qu’il n’est pas simple de vivre avec un zèbre …

Qu’il n’est pas simple de vivre avec un autre ..

Qu’il n’est pas simple de vivre avec soi …

 
Cette question de couple redondante et totalement cohérente me revient régulièrement et je ne l’ai jamais traitée jusqu’à présent …
 
La première piste intéressante, comme pour tout ce qui touche à l’Intime chez Nous*, est très complexe au départ et pourtant, c’est par là que tout se noue et donc, se dénoue !
Notre blog se nomme « vivre avec un zèbre » et je parle de tous les sujets …. sauf celui de « Vivre avec un zèbre » 
N’est-ce pas curieux ? 
Cela fait près de 2 ans que je procrastine sur ce thème. 
 
Je me décide donc, comme pour tout ce que j’expérimente, à prendre le taureau par les cornes pour voir ce qu’il y a derrière cette porte épaisse.
 
Oui, parce que toutes les portes non ouvertes et qui vous attirent le regard mais que vous évitez sont, à n’en point douter, celles qu’il est bien d’ouvrir un jour ou l’autre.
 
Ceci, en passant, est un bel indicateur pour le travail en profondeur sur soi : repérer ses « peurs » et les endroits des « il faudrait » … (ô procrastination divine) pour savoir exactement comment aller tâter tes « futures solutions ». J’y reviendrai.
 
* Etre Humain Hypersensible, Empathe, multi, zèbres et autres A-typiques ; c’est-à-dire, tous ceux qui lisent en ce moment mes quelques lignes.

Pourquoi « traiter » de ce sujet ? 

Parce que l’expression de soi est mon chemin.
Parce que, tous les jours, je décide de rompre les silences.
Parce que l’acceptation de ma complexité et de la beauté qu’elle recèle libèrent de manière magistrale ce qui m’a profondément fait souffrir tout au long de ma vie : « ces non-dits qui isolent ».
L’expression de soi et la créativité qu’elle requiert sont mon zèbre de bataille.
Cette permission est ma pierre à l’édifice humain et mon hommage à la vie.
 

Un zèbre peut-il trouver le bonheur avec un autre zèbre ?

 
Cette question, si généraliste, pourrait faire l’objet d’un traité, d’un essai ou d’une thèse, tant elle est vaste et « personnelle ».
Je vais donc tenter de mettre en lumière, de manière totalement subjective mais connectable (je l’espère), ma propre expérience et celle des personnes que j’ai eues en thérapie à ce sujet, sur ce qu’elles ont en points communs et en source de réflexions qui pourraient apporter de l’eau à ton moulin.
 

Et si nous commencions par ce qui est top ?

Ce qui est magique, dans la rencontre d’un « double » est le silence; la compréhension, au-delà des mots, de ce qui se vit.
Les sensibilités peuvent être totalement différemment exprimées, elles se connectent entre elles, sans qu’aucun bruit extérieur ne vienne perturber la magie des moments de communion.
Ou, si un bruit survient, il est chassé paresseusement, d’un revers de main, comme on se débarrasse d’une mouche importune. 
C’est assez reposant et cette quête d’être vu-e et reconnu-e est un véritable socle pour la vie amoureuse.
 
Quel confort de pouvoir percevoir, au creux du regard posé de l’autre, une compréhension de notre complexité qui parfois nous échappe.
Quel réconfort de pouvoir déposer cette angoisse d’être seul-e au monde et plus encore, et d’avoir la certitude inconsciente, d’être suivi ou précédé mais jamais plus totalement seul.
Le fantasme de la fusion ou ce retour au sentiment océanique qui, sommes toutes, fait partie de notre quête perpétuelle, peut-être nourri et abreuvé.
Une fois la lune de miel terminée, la construction peut alors prendre vie et les projets se dessiner, se partager, se confronter et se nourrir. 
Qu’ils soient communs ou séparés, l’autre est notre meilleur miroir et son avis est ce qui compte le plus, après le nôtre.
La confiance, que l’on soit en accord ou en opposition peu importe, en sa capacité à repérer chez vous, ce qui n’est pas aligné, est gigantesque. 
Je peux affirmer qu’en terme de boussole, y a pas mieux. Si je n’arrive pas à lire en moi, je vois dans le reflet de ses yeux, ce qui se trame au creux de mes combats.
Une vraie danse gémellaire s’entame pour avancer, main dans la main, au travers des épreuves et, sans concession, nous aide à juger de ce qui est juste pour soi, à chaque étape.
Lorsque les mots arrivent, ils ne sont jamais dénués de profondeur et d’ouverture à des univers qu’on pensait être seul-e à visiter. 
Les échanges ne sont jamais vides ou rarement. Ils ne sont que « confrontations » et portent des échos qui, tels une onde dans l’eau, se déploient bien au-delà des mots dits.
« Tu es mon autre » chantait à tue-tête une autre Lara. 
De l’autre côté du miroir, un grand pouvoir de connexion duelle ne laisse cependant aucun répit, ni repos lorsque le « maudit » glisse insidieusement dans des silences non compris ou mal interprétés. 
 

Glissons dans l’ombre à présent

 
Et là, juste là …
Lorsque la vie, à coup de canifs, d’impondérables, des petites et grandes misères, au creux d’une époque où les émotions sont reléguées au fin fond d’un classeur intitulé « à traiter », vous rappelle à la réalité, SA réalité, le couple toujours sur le fil, peut s’en trouver fort démuni… 
Ce qui est puissant dans un sens, l’est dans l’autre aussi…
Les incompréhensions du Monde, celles des Autres, desquelles, en couple de rêveurs, vous avez pu vous « libérer » ou prendre de la distance, peut venir déstabiliser en beauté ce qui s’était construit en profondeur.
 
Et là, juste là…
Les mots dits viennent heurter de plein fouet les équilibristes sur leur fil. Lorsque le monde se retourne vers eux pour leur demander des comptes et qu’il est alors temps d’ouvrir les yeux, la puissance de leurs émotions doubles peut devenir incontrôlable. Le réveil est brutal et la recherche de solutions vertigineuse.
Ce qui est puissant dans un sens, l’est tout autant dans l’autre.
Lorsque la place à prendre s’est construite sur un siège double, et qu’il devient judicieux de séparer les jumeaux pour survivre dans un monde rationnel, sur qui peut-on compter ?
Qui le coeur, qui les mains, qui affronte ?
Leurs regards se croisent et leurs angoisses se doublent.
 
Et là, juste là…
Cela peut devenir un enfer. Parce que rien n’est dit ni dû au hasard.
Le hasard n’existe que pour ceux qui ne voient rien parce qu’ils ont décidé de ne pas voir.
Le hasard est le remède de ceux qui ont choisi de laisser couler la vie au travers de leurs croyances acceptées et signées pour supporter leur angoisse.
 
Lorsque le couple s’en trouve à devoir inventer des solutions à des problèmes dont ils ne comprennent ni les contours, ni les consignes, la tension habituellement tournée vers l’extérieur, peut changer subrepticement de direction et de cible …
 
Les jumeaux se décalent et les mots dits blessent. Leurs douleurs se quadruplent. Ils ressentent la leur, celle de l’autre, l’interaction entre les deux et le vide aussi.
Le monde s’immisce et le doute devient délétère. 
L’apothéose de cet in-contrôle est l’autodestruction, moins douloureuse et insupportable que de détruire l’autre.
 

De l’ombre à la lumière 

 
Vivre avec un zèbre, c’est cela aussi parce que l’intensité au carré n’est pas maîtrisable.
Le seul « talisman » à cette double réalité, endroit et envers du décor, envers et contre tous, se loge au creux de l’acceptation.
Acceptation qui ne peut être posée que si la conscience a été activée, conditionnée par une confrontation sans concession à la réalité des Autres.
Pas d’aveuglement possible pour le couple de zèbres … « C’est marche ensemble ou rien »
Pas ou peu de compromis dans certaines zones sensibles mais un état des lieux et une ré-invention permanente, perpétuelle et à l’infini.
Le couple se construit sur une cohérence non négociable et le mensonge est aussi nocif que le poison dans le coeur de Juliette
 
Acceptation de cela et de chacun, bien au-delà d’une mise en scène.
Acceptation profonde s’il en est que rien n’est jamais acquis et que l’histoire du couple devra se ré-écrire tous les matins… sans oublier les soirs.
La résistance à la corruption de l’âme est puissante et la table de négociations le rendez-vous quotidien.
Pas de demi-mesures pour les amants.
Peu de décisions prises à la légère, les questionnements existentiels rythmant les conversations, mêmes anodines.
Gaffe au non-verbal, « ein, zwei, drie ».  L’instant d’hésitation peut-être fatal à la magie promise d’une soirée aux chandelles.
L’alignement intérieur et le complet 3 pièces coeur – tête – bouche impeccable vous sauvent des rixes et des claquements de portes.
Le haussement de sourcil, s’il n’est pas maîtrisé, trahit à coup sur et même si, vous grugez en changeant de côté, vous trahissez doublement !
La sanction ne se fait jamais attendre … ou parfois si, mais l’attente est déjà une sanction.
 
Est-ce donc l’enfer ?
Oooh non ! Même s’il peut en avoir le goût les jours d’orage.
 
C’est un choix
Celui de signer, pour le meilleur et pour le pire, jusqu’à ce que le mensonge vous sépare …
C’est un engagement, à vivre intensément et sans concession, à se voir nu, même habillé, et à partager, même sans paroles, une VIE intensément commune.
Nul endroit où se cacher, tout est senti et ressenti, partagé au-delà du verbe.
 
Vivre avec un zèbre est la remise en cause perpétuelle des règles du je(u) et l’acceptation d’une ré-invention quotidienne du cadre, un renouvellement tacite, implicite, incontournable et indéfectible de cet accord jusqu’à la fin. 
Pas de demi-mesure, l’intensité est reine et la collaboration une quête qui n’a d’autre dessin que celui de trouver sans cesse le Graal : le duo équilibre et équité.
 
Complexe ? …
Oui, si vous êtes en résistance.
Magique ! Si vous avez décidé de vous aimer et de vous respecter au-delà de vos seules capacités.
Votre « moitié » ne l’est pas; elle est votre double et le couple une entité exponentielle.
Je n’évoque pas ici encore lorsque de deux, vous passez à trois, puis à quatre !
 
Un zèbre peut-il trouver le bonheur avec un « non zèbre » ?
Je suppose que oui …. mais je ne peux en parler.
J’ai signé, il y a plus de 20 ans aujourd’hui, et depuis, je re-signe tous les jours !
Vers l’infini … et bien au-delà !
 
 
 
Et de citer, pour lier et emplir de sens,
non sans émotion, le poème que feu mon cher papa
nous récitait, fier d’en retenir toutes les strophes.
Parce que c’était sa manière à lui 
de nous transmettre son Amour.
 
« Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux. »
 
 
 
« Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours ! »
– Lamartine – 
 
 
Intensément, Lara.