C’était un jeudi fin de journée, j’étais allongée dans mon canapé, seule à la maison, réfléchissant une fois de plus au sens profond, de la vie en général et de la mienne en particulier !

Non que je n’avais rien accompli certes, mais le but de mes actions m’échappait. Je faisais le constat que, malgré les rebondissements impressionnants aux yeux des « autres », ceux de mon entourage, je tournais en rond dans mon bocal… La crise de la quarantaine certainement, alourdie par les maladies concomitantes de mes 2 parents, cependant séparés depuis 20 ans.

J’avais pourtant, à l’actif de mon bilan, en cette année de mes 40 ans : un mari, 2 filles, 4 diplômes, un CV long comme le bras : 8 jobs – tous statuts confondus (salariée, responsable, entrepreneuse..), 4 déménagements et autant de réussites que de « ré-ajustements » (je ne dis plus « échec »), mais je tournais en rond, en cercles concentriques, autour de son point central : mon «nombril », en y cherchant une solution pour atteindre mes rêves d’enfant …

 

Le téléphone sonna.

Je m’arrachai du canapé, l’énergie au plus bas, en mode « légume » et attrapai le combiné.

 

  • – Allo
  • – Allo mon chouchou, c’est papa ici

 

Je sus. On y était.

 

Pourtant depuis 2 ans, je l’avais au téléphone quasiment une fois par semaine, pour les nouvelles; des fois pleines d’espoir, des fois sans plus aucun, mais là, je sus.

Mon cerveau se mit en alerte, les warning étaient allumés et mon cœur s’emballa. Je ne voulais pas entendre et je tentai d’arrêter le temps pendant cette fraction de seconde.

Repousser la réalité, faire « comme si », me mettre un coussin sur la tête en espérant que le loup ne me verrait pas, comme un gosse, que je ne serais plus jamais à présent.

 

  • – C’est pour dimanche.
  • – ….

 

Mon monde s’effondrait et cette année maudite de 2012 serait encore à marquer de 2 autres

pierres…noires, mais celle-ci fut la première de la série. (la suivante fut le décès de ma mère 1 mois plus tard, et celui de mon beau-père le 26 décembre)

Je pris l’avion pour Bruxelles le lendemain, sans réfléchir. Le cerveau sur pause et le cœur déchiré. Les aiguilles de l’horloge brûlaient les secondes qui allaient éloigner définitivement de mon propre destin l’auteur de mes jours. Il va falloir que je poursuive sans lui. « Trop tôt, tellement trop tôt » était la ritournelle bruyante et déchirante qui me revenait en tête à intervalles réguliers, au bruit du tic-tac assourdissant.

Nous étions là, autour de lui en ce dimanche 16 septembre 2012, dans la maison familiale, quittée depuis 22 ans mais qui restera à tout jamais MA maison. Frère et sœurs unis autour du paternel, sous un soleil magnifique. Une coupe de champagne à la main, nous fêtions son départ comme il le désirait, en célébrant la vie qu’il allait quitter comme il l’avait vécue.

Le sourire aux lèvres et le verre tendu à l’heure du bilan qu’il partageait avec nous, s’excusant de ses errances et se félicitant de sa plus belle réussite : nous quatre  !

Entre rires et larmes, mon père nous a offert la plus belle leçon de dignité, d’humilité et de résilience qu’un Homme puisse espérer recevoir de son vivant. Il n’avait plus peur, il avait choisi de « réussir sa mort » ; ce sont ses propres mots.

Cela fait 4 ans et en 4 ans, j’ai continué à réfléchir puissamment et sans relâche au sens de ma petite existence. Cette expérience a mis le temps qu’il fallait lui accorder pour faire son cheminement et il n’est pas un seul jour où je n’y pense pas. J’ai refusé longtemps d’intégrer que j’étais responsable de mes choix à chaque seconde et que ceux-ci n’étaient jamais définitifs. Un choix n’est qu’un pas en avant, une porte poussée, une avancée et l’acceptation consciente du mouvement. Même ne pas choisir est un choix.

Je suis passée par bien des phases et j’ai fait le tour de la question sous tous les angles possibles. Je suis descendue dans ma caverne car le temps, quoi qu’on en dise, a son rôle à jouer dans l’ingestion et la digestion de tous nos « accidents de parcours ».

Nous sommes bousculés, happés, pressés par un monde qui veut aller toujours plus vite, toujours plus fort, et tous dans le même sens mais celui-ci n’est pas cohérent ni respectueux du rythme de chacun, et encore moins de chacune…

Je suis remontée à la surface avec une clé, la seule petite clé qui ouvrira la grande porte. Non sans effort, cette prise de conscience fut pourtant l’étape numéro 1, incontournable pour repartir en quête de ma solution intérieure.

J’ai décidé d’arrêter de courir dans tous les sens. Je cavale toujours, parce que cela fait partie de mon tempérament, mais j’ai pris la plus belle résolution de ma vie : celle d’habiter à présent en toute conscience ma propre nature, avec ses points forts et ses failles.

J’ai décidé d’arrêter de me « battre » pour des combats qui n’étaient pas les miens.

A force de vouloir être omnipotentes, nous en devenons incompétentes. Nous en arrivons à mener des batailles, aussi inutiles qu’inefficaces… et on y laisse des plumes à chaque étape, sans compter la valise de culpabilité qui elle, est en plomb.

J’ai décidé de respecter ce qui m’animait et de puiser dans mes « talents naturels » pour créer autour de moi « mon œuvre », mon tableau plein de couleurs et mon histoire.

Egocentrique ? Oui, sans aucun doute, mais tout part de là, même si c’est devenu contre-intuitif. Nous sommes tellement conditionnées par le « politiquement correct », par le « fait pas ci, dis pas cela… » que nous en oublions les règles de base de notre nature instinctive et animale. Comment espérer « rayonner » autour de soi et respecter l’autre dans son unicité et ses différences si on ne le fait pas profondément pour soi-même ???

En mars 2016, je suis repartie de zéro. J’ai rangé mes diplômes, mes expériences, mes fantasmes. J’ai accepté de ne plus rien savoir et de re-découvrir mes forces vives, vierge d’un maximum de préjugés et souriante à ce qui allait m’arriver. J’ai suivi mon instinct et je me suis intégrée dans une formation pour re-créer ma vie. 44 ans, la tête dans le seau et le saut dans le vide.

Et le miracle se produisit…

Bien accompagnée, au milieu d’hommes et de femmes dans la même quête de re-centration vers leur essentiel, et permettant au temps qu’il suspende enfin son vol, j’ai « lâché prise » en prenant soin de moi-même. J’ai cassé mes croyances limitantes et j’ai vécu une réelle révélation. Je n’étais pas seule à fonctionner à 100 à l’heure, curieuse de tout et le cerveau ne connaissant pas le bouton pause. Je me suis découverte « multipotentielle » et mariée avec un « zèbre ».

Moi qui croyais tout savoir et principalement sur mon propre fonctionnement, étant psychologue de formation, mon « instabilité » professionnelle et les mouvements permanents n’étaient pas dus aux seules circonstances du marché mais bien à la méconnaissance de mon propre mode de fonctionnement, malheureusement peu connu ni prôné dans nos sociétés d’experts.

J’ai pu dès lors dessiner le projet qui me correspondait totalement, basé enfin sur mes forces et mes talents naturels : celui d’accompagner dans cette même quête, les adultes qui se découvrent plein de potentiels inexploités pour de mauvaises raisons !

J’ai signé en ce jour ce pacte moral avec moi-même et je te l’offre, toi qui me lis, dans l’espoir et la volonté qu’il t’encourage sur ton cheminement avec l’unique conseil suivant : ne rien lâcher tant qu’on n’a pas trouvé ou retrouvé… l’évidence et le sourire ! Le jeu en vaut vraiment la chandelle, parole de guerrière 😉 !

 

  • Je ne plairai pas à tout le monde et tant mieux.
  • Je vais arrêter de penser que pour réussir, les efforts sont toujours laborieux et compliqués.
  • Je ne vais plus me plier aux exigences auxquelles je n’adhère pas à 100%.
  • Je vais accepter qu’un « échec » ou un ralentissement de mon activité n’est jamais définitif et qu’il est là pour m’aiguiller.
  • Je ne négligerai pas les fondamentaux dans ma vie : mes enfants, mon mari et mes proches qui passent avant tout et en priorité.
  • Je serai capable de m’entourer de bonnes personnes et de leur demander de l’aide lorsque j’en aurai besoin.
  • Je ne me tuerai pas à la tâche car ce qui doit se faire se fera.
  • Je prends du plaisir et je fais confiance en mes capacités et en mon propre jugement.

 

Pour terminer, je dirais que tout se passe ICI et MAINTENANT et cela à chaque respiration que la vie m’octroie. 

 

Merci papa, tu me manques.